2016 Transcontinental Race (fr) 8D/15H/02M

13659047_10157226589480511_1934499756757631942_nAu départ, l’ambiance était extraordinaire grâce aux nombreux participants et supporters. Les premiers kilomètres étaient chaotiques, ce n’est que quand j’étais vraiment seul que j’ai pu me concentrer sur le vélo. Pendant les premières heures nocturnes, je me trouvais en terre connue. Cela me permettait de réaliser une belle progression, même après je pouvais limiter au strict minimum les arrêts “manger” ou autres. Le soir, à peu près 20 km du Point Contrôle 1 : Clermont-Ferrand, je trouvais suspect de ne pas apercevoir le Puy de Dôme. Très vite l’explication est trouvée : une énorme averse que l’on souhaite éviter à tout prix… Après deux minutes la chaussée se trouvait 5 cm sous eau et sans aucun signe d’amélioration en vue. Je patientais un quart d’heure sous un pont, mais il y faisait aussi mauvais que finalement continuer à vélo s’avérait la meilleure solution. Une fois les gros nuages disparus, je vois le PC 1. Peu avant 22 heures je passais au contrôle à Clermont-Ferrand et à 23 heures 23 je recevais mon tampon sur le Col de Ceyssat, un des cols obligatoires. 26 heures de route pour 670 km, presque non-stop. Il va falloir doser, car le chemin est encore long. Il est temps de se reposer. Assez d’hôtels à Clermont-Ferrand, je ne pouvais résister à la tentation d’en choisir un pour y dormir 3 heures.

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Le deuxième jour : direction les Alpes. Le chemin, le plus court passe par quelques beaux cols. Afin de limiter le dénivelé, j’optais de les éviter. Evidemment la France centrale n’est pas une plaine et le Jura appartient à la catégorie de montagne moyenne. Le dénivelé grossissait néanmoins à vue d’œil. Joindre le PC 2 était planifié pour le lundi matin. Cela me permettait de dormir dans la vallée, la température y est meilleure que dans la haute montagne. De cette manière, je pouvais « tout frais » aborder le lourd labeur de grimpeur. A peine en selle qu’il commençait à pleuvoir… Pas une forte pluie, mais une pluie de « bonne qualité » … Quand tu grimpes peu importe, en descente par contre… Le problème était pour plus tard. Peu après 5 heures, j’arrivais à Grindelwald où j’allais chercher le tampon auprès des collaborateurs de Transcontinental Race en plein sommeil. Mon intention était de poursuivre immédiatement la montée. Malheureusement il pleuvait également de l’autre côté du col et descendre par une température de 4 à 5 °C n’est guère agréable.

 

Avant d’entamer la montée du Grimselpass, un petit déjeuner, disons un repas serait plus que souhaité. Peut-être que je trouverais quelque chose à Innertkirchen. J’entrais dans l’unique hôtel déjà ouvert pour y prendre le petit déjeuner. Le mauvais temps persistait, donc on a tendance à rester assis plus longtemps. Soudain et dans un style digne de Rambo, l’équipe média de l’organisation faisait son entrée. Ils étaient à la recherche d’images. Seulement la patronne s’y opposait, car elle tenait à préserver l’intimité de ses clients. Etant son seul client à ce moment-là, je lui expliquais que tout cela était ok pour moi. Attendre plus longtemps n’étant pas la solution, je me décidais à attaquer le Grimselpass tout en espérant d’avoir une meilleure météo de l’autre côté. Pédaler dans le brouillard ou dans les nuages procure la sensation très spéciale de rouler dans le néant. Il n’y a rien à regarder ni objet sur lequel l’on peut se concentrer. Il n’y a qu’à pédaler. Heureusement la visibilité s’améliorait en montant, de l’autre côté du col le temps était assez bon. Pour arriver à proximité de Bolzano (Italie, Tyrol du Sud), il fallait encore franchir quelques cols. Aujourd’hui, je devrais encore passer le col de l’Ofen. A partir de là, il y avait une longue descente. Les heures nocturnes suisses étaient merveilleuses :  c’était la fête nationale, il y avait beaucoup de feux d’artifice et à de nombreux endroits il y avait de grands feux.

Près d’une table de picnic dans le voisinage de Mérano, j’ai pris ma dose quotidienne de sommeil. Pendant les premières heures de la 4e journée, j’ai pu suivre la rivière Adige. Une piste cyclable agréable longe cette rivière, cela a l’avantage d’être moins concentré, tout est plus fluide. Au moment de quitter la vallée, il fallait de nouveau cravacher. Ça grimpait pendant très longtemps. Au passage d’un petit magasin, je ne pouvais pas m’empêcher de m’arrêter pour un snack et une boisson. Soudain quelqu’un m’adressait la parole : “Hello Kristof, I’m a very big fan of you, please can I take a picture?” Super, un tel petit arrêt de quelques minutes ! Cela te motive à bloc pour la suite ! Juste avant le sommet du col de San Pellegrino, je m’offre un repas chaud, le premier depuis le départ à Grammont. De la force en plus est la bienvenue. Après la descente du San Pellegrino suit une longue ascension vers le sommet du Passo di Giau. Là se situait le CP3, le troisième point contrôle. Le Passo di Giau est une belle et longue ascension que l’on peut décrire comme “exigeante » ….

Le quatrième point contrôle se situait à près de 700 km de là : Zabljak, le village le plus haut du Monténégro, au centre du parc national de l’immense montagne Durmitor. J’avais opté pour un assez grand détour par l’Autriche. D’après mes calculs faits au préalable, cela s’avérait la route la plus rapide c.à.d. c’était plus plat. Une fois arrivé dans la grande vallée, je reconnaissais des tronçons de ma première Transcontinental Race en 2013 : comme le monde peut être petit… Pour arriver au poste-frontière de la Slovénie, il fallait encore franchir un petit col. Quelle surprise, un panneau annonce subitement ‘18% – 8 km’. Est-ce bien vrai ? Après quelques kilomètres, j’avais saisi : 18% c’était la moyenne. Mis à part quelques tronçons plats, d’autres par contre s’avéraient bien plus raides. Ça pouvait être du 45%, il fallait mieux descendre du vélo et continuer à pied … Heureusement il s’agissait d’une route rectiligne ce qui me permettait de voir à temps arriver les quelques rares voitures dans la direction opposée. Ainsi je pouvais me mettre à l’écart. Après chaque ascension succède évidemment une descente bien méritée. Après cette ascension très raide, j’avais droit à une très longue descente.

Après quelques heures de repos, il fallait que j’avance sérieusement pendant le 5e jour. Je savais que je faisais un sérieux détour par rapport à mes concurrents. Donc pédaler et encore pédaler et prester des heures … Arrivé à la frontière de la Croatie, j’étais accueilli par la police et un supporter, Matija.  Cela procure un sentiment particulier et signifie aussi un accueil chaleureux. Dans les environs de Zagreb le trafic était dense et la température grimpait jusqu’à 40°C. Je m’arrêtais quelques minutes pour déguster une boisson fraîche … Cette nuit, je continuerais à rouler un peu longtemps. Pendant un court arrêt, je voyais qu’un autre cycliste me cherchait. C’était Kornel qui était honoré que je traversais sa ville à vélo. A peine à nouveau en selle que je rencontrais deux autres cyclistes qui m’accompagnaient un bout. Super ! Ils trouvaient le contact fantastique, du coup le bout devenait de plus en plus long. Pendant que je roulais, je commençais à apercevoir des maisons avec des impacts de balle et de grenade : la Bosnie est tout proche.

La population locale fait peu ou pas d’efforts pour effacer les cicatrices de la guerre. Et dire que tout cela s’est déroulé il n’y a pas si longtemps… Une fois les grandes routes retrouvées je me réjouissait d’avoir parcouru cette partie dans le noir.

La 6e journée débutait par un long tronçon le long de l’autoroute. La route que j’avais planifié convenait parfaitement. De temps à autre je devais m’arrêter pour prendre des photos devant prouver que je ne roulais pas sur l’autoroute. Dans les derniers kilomètres avant le Monténégro la route avait quasiment disparu, le poste-frontière n’avait pas de mime non plus. Une fois la frontière traversée se situe le Tara River Canyon, le plus grand d’Europe. Long de plus de 80 km et 1300 m de profondeur. Super spectaculaire, il n’est pas étonnant que cette partie du Durmitor National Park figure au patrimoine mondial de l’Unesco. A Pluzine, au début du tronçon obligatoire vers Zabljak je commandais 2 sandwiches et 4 boissons. J’avais une petite conversation avec l’organisation. Lorsqu’après 3 quart d’heures je demandais après mon sandwich, je recevais comme réponse : ‘RELAX ! ENJOY TIME’… Le service ne débutait qu’au coucher du soleil. Que faisais-je là durant 45 minutes ?  Je continuais donc ma route l’estomac vide… Heureusement je pouvais me concentrer sur l’entourage car je traversais une fort belle région. Le coucher du soleil rendait le tout encore plus impressionnant. Une nouvelle nuit à vélo s’annonce… Je savais à peu près où se situait le CP 4. Mais cela ne m’a pas empêché de chercher comme un petit fou ! Je tournais en rond sans le trouver. Finalement je voyais la voiture de contrôle Volvo dans une rue latérale. Les organisateurs en faisaient un petit jeu, il fallait les localiser à l’aide des coordonnées reprises sur la carte de contrôle. Sorry, je ne pouvais guère apprécier ce genre de petits jeux. J’entrais simplement pour le tampon et en sortant tout de suite afin de poursuivre mon chemin quelqu’un m’a quand même adressé quelques paroles « sympa ».

Comme Zabljak se situe à grande altitude, une longue descente m’attendait et c’était l’occasion pour faire grossir le nombre de mes kilomètres parcourus. Cette fois j’hébergeais à Berane, je dormais quelques heures dans une station-service louant des chambres.

Il restait encore plus de 1000 kilomètres… Mais à partir d’ici je retrouvais des routes connues à travers la Serbie. Il me faut prester des heures « à vélo ». Encore traverser un petit col et puis ça descend en Bulgarie jusqu’à Sofia. Pas de belles routes, carrément mauvaises et dangereuses, mais le plus important : c’est efficace. Comme je ne pouvais pas emprunter l’autoroute après Sofia, il ne me restait qu’à prendre la veille route. Globalement c’était OK, mais parfois il n’y avait plus de route et il ne restait plus que les ornières des voitures que je devais suivre. L’autoroute n’était jamais très loin, l’issue était assurée. Juste avant la frontière avec la Turquie je devais faire face à un autre problème. Les dernières centaines de mètres constituent une zone noire et dans l’obscurité les fouinards n’y sont pas les bienvenus. Cela m’était très clairement expliqué par quelques personnes circulant dans une voiture sans éclairage. Ils ne parlaient pas l’anglais et bien sûr je ne comprenais pas leur langue. Mais ils me montraient très clairement ce qu’ils voulaient. J’essayais encore un autre chemin… avec le même effet. Je retournais au village où les villageois me conseillaient d’éviter ces endroits, car le passage de la frontière était contrôlé par « eux ». Je faisais un détour et pédalait toute la nuit, car je voulais joindre le finish d’un trait. Il ne restait ‘plus’ que 600 km’. Les derniers 200 kilomètres entamés, je pouvais commencer à décompter, mais un combat avec le vent m’attendait.  Un combat sans fin, même désespérant, mais il fallait continuer : km après km, côte après côte.  Mon temps final escompté changeait d’heure en heure et tout doucement le plaisir s’évaporait.

Heureusement dans les derniers 80 kilomètres, je bénéficiais d’un vent de dos parfait et je voyais la vie en rose. Il était de nouveau possible de finir dans un temps de 8 jours et 15 heures. Je terminais par un sprint direction le bac lequel devait m’aider à traverser le détroit des Dardanelles direction Cannakale. Une petite promenade en bateau d’une vingtaine de minutes. Finalement je franchissais le finish le dimanche à 13 heures 02, 2 minutes au-delà l’heure. Temps final : 8 jours, 15 heures et 2 minutes.

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Mon vélo et tout le reste se sont comportés de façon fantastique. Au courant de la semaine, j’ai mis deux fois de l’huile sur ma chaîne, c’était vraiment tout. Pas de pneu crevé ou autre problème technique et cela sur un réseau routier “barbare ».

Avec le support technique des marques suivantes, la Transcontinental Race était nettement plus agréable et sans souci: 

Jaegher for the impeccable steel. Campagnolo for the reliable group. Apidura for the handy bags.  Supernova lights for the shining light in dark times. Sportful for the covering hightech clothing. Lazer for the protection of my eyes and brains. SWS wheels for the uncountable going arounds. Continental for the grip with earth. Gaerne for the shoe that fits like a glove. Selle Italia for the best seat to watch the race. Special thanks to our lovely neighbour Christiaene who is always home for the package deliveries 🙂 and Happydesign for covering my social media while i am working!

Thanx to the mediacrew of transcontinental race 2016 for the great pics

website: www.transcontinentalrace.com
Twitter: @transconrace
Facebook: facebook.com/transconrace
Instagram: instagram.com/thetranscontinental

pour les amateurs des chiffres:
Belgique : 60 KM
France : 960 KM
Suisse : 490 KM
Italie : 265 KM
Autriche : 150KM
Slovénie : 210KM
Croatie : 240KM
Bosnie : 315KM
Monténégro : 250KM
Serbie : 325KM
Bulgarie : 360KM
Turquie : 250KM

Total = 3875 KM

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